sousse
Si les peuples
de la mer se sont sans doute
fixés antérieurement dans la région de Sousse, c'est aux Phéniciens que
l'on attribue le premier nom connu de la ville. Au xie siècle av. J.-C. apparaît
le toponyme Hadrim qui
désigne, selon M'hamed
Hassine Fantar4,
un enclos ou un quartier d'habitation. Les vestiges archéologiques du site ne
remontent cependant guère au-delà du vie siècle av. J.-C.,
période où Hadrim passe sous l'autorité de Carthage et
vit avec elle les guerres
puniques tout en maintenant une
identité phénicienne comme l'attestent notamment les pratiques funéraires
locales. Après avoir perdu la bataille
de Zama, Hannibal
Barca, qui a des propriétés dans les environs de Hadrim, fait effectuer des
travaux civils à ses soldats et est à l'origine de la plantation de nombreux oliviers dans
la région.
Hadrim se libère progressivement de la tutelle carthaginoise en établissant des
relations économiques et diplomatiques directes avec Rome dont
elle prend le parti durant la Troisième
Guerre punique. Après la destruction de Carthage, les Hadrumétins
deviennent, selon l'expression d'Appien,
les « amis du peuple romain » et la ville, rebaptisée Hadrumète (Hadrumetum),
devient une cité romaine privilégiée et libre. En 46 av. J.-C.,
elle perd une partie de ses privilèges et se trouve frappée d'une lourdeamende lorsqu'elle
choisit le camp des Pompéiens contre
le victorieux Jules
César.
À la fin du ier siècle,
Hadrumète est la première cité africaine à bénéficier du statut de colonie
honoraire qui est attribué par l'empereur Trajan5.
En reconnaissance, des monuments glorifiant le généreux empereur sont érigés : arc
de triomphe, théâtre,amphithéâtre, thermes,
etc. La prospérité de la ville culmine au iiie siècle sous
les règne de la dynastie des Sévères.
Le commerce de l'huile
d'olive connaît un grand essor
après que le fondateur de la dynastie instaure une distribution gratuite et
quotidienne d'huile à Rome.
La ville frappe même sa propre monnaie.
Lorsqu'en 238,
la ville soutient l'« usurpateur » Capellien, elle doit subir la répression du
nouvel empereur Gordien
II. Des monuments publics et des villassont
rasés et le port autrefois
si actif perd de son importance.
La cité retrouve une prospérité relative lorsqu'en 297 l'empereur Dioclétien fait
de Hadrumète la capitale de
la nouvelle province de Byzacène qui
s'étend sur le centre du pays5.
Quand en 439 les Vandales chassent
les Romains et détruisent l'enceinte de
la ville, Hadrumète prend le nom de Hunéricopolis tiré du nom de Hunéric (fils
du chef vandaleGenséric)6.
Elle végète pendant un siècle avant sa destruction par des pillards venus du sud
du pays et ce peu avant l'arrivée des troupes
byzantines. Le port, complètementensablé,
est remis en état par l'empereur
byzantin Justinien dont
la ville prend le nom en 535 (Justinianopolis)6 et
devient le chef-lieu de
l'une des sept provinces du diocèsed'Afrique.
La période byzantine dure environ 135 ans.
Le début de la période arabo-musulmane peut être fixé à 670,
lorsqu'Oqba
Ibn Nafi Al Fihri assiège la
ville qui prend le nom de Sousse. Elle est d'abord une agglomération pourvue
en 787 d'un ribat et
habitée essentiellement par des ascètes chargés
de la défense descôtes.
Le vin,
les jeux et la musique sont
proscrits. Le nouvel essor de Sousse vient du second prince
aghlabide Ziadet-Allah Ier qui
dote la ville d'un chantier
naval (821)
d'où partent les navires à
la conquête de la Sardaigne (821),
de Malte,
de la Sicile (827)
ou de Rome (846).
Au ixe siècle,
la ville s'est ouverte et accueille des musulmans,
des chrétiens et
des juifs.
Elle devient alors la seconde ville de l'Ifriqiya et
la première du Sahel.
Durant la période
fatimide, la prospérité de Sousse ne souffre que modérément de la fondation
de Mahdia.
La ville, qui exporte ses étoffes en Orient et en Occident, est aussi une
prospère cité oléicole.
Jusqu'en 1159,
Sousse subit les assauts puis l'occupation des Normands de Sicile qui
la conquièrent en 11487.
Mais sa décadence, à partir du xiie siècle,
est surtout due à la promotion de Tunis comme
capitale sous le règne des Hafsides,
à l'appauvrissement de l'arrière-pays dont elle constitue le débouché maritime
et, au xiiie siècle,
à la concurrence des textiles exportés depuis
l'Europe,
période durant laquelle des Génois s'installent
à Sousse. La ville subit une courte occupation
espagnole entre 1537 et 1574.
Pendant l'époque
ottomane(1574-1881),
la ville retrouve son importance. Sousse est alors, au xviie siècle,
le deuxième port de commerce du pays.
Aux brodeurs et tisserands s'ajoutent
des artisans potiers qui
exportent leur production dans tout le bassin
méditerranéen. À la fin duxviiie siècle,
la ville souffre des bombardements
français (1770) et vénitiens (1784 et 1786).
La ville s'enfonce dans le déclin après 1864lorsqu'elle
se range contre Sadok
Bey dans une insurrection antifiscale.
Elle passe, comme toute la Tunisie, sous le protectorat
français à partir de 1881. La
création d'un nouveau port (1884)
lui redonne toutefois son rôle de débouché maritime des produits de la steppe.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire