mardi 29 juillet 2014

tozeur

tozeur
Tozeur (توزر) est une ville du Jérid tunisien et le chef-lieu du gouvernorat du même nom. Elle compte 32 400 habitants selon lerecensement de 20042.
Située au nord-ouest du Chott el-Jérid, elle se trouve à 450 kilomètres au sud-ouest de Tunis. Il s'agit de l'une des oasissituées aux portes du désert du Sahara. Tozeur est une ville avec un passé religieux important et connue pour ses lettrés comme sa topographie contemporaine, parsemée de marabouts, en témoigne.


La ville est entourée d'une palmeraie d'approximativement 1 000 hectares8, abritant quelque 400 000 arbres8,9 autrefois irrigués par quelque 200 sources remplacées dès 1995 par les nombreux forages modernes qui alimentent désormais Tozeur. Même si la nappe phréatique reste surexploitée, des mesures comme l'introduction du goutte-à-goutte ont permis d'économiser de 35 à 30 % de la consommation10. La palmeraie se découpe en milliers de petits jardins (en moyenne d'un demi-hectare) plus ou moins bien entretenus : seules 25 % des terres sont cultivées et de nombreux palmiers meurent faute d'entretien9. Néanmoins, 500 nouveaux hectares ont pu voir le jour grâce à l'exploitation de la géothermie10. Elle a servi de décor pour de nombreux films comme Star Wars ou Le Patient anglais8.
La région de Tozeur continue de vivre essentiellement de son économie oasienne : l'agriculturereste l'activité maîtresse de la cité qui voit la moitié des 100 000 habitants de la région dépendre de ce secteur10. L'organisation agricole, autrefois centrée sur une utilisation raisonnable de l'eau, permettait une production maraîchère importante dans la palmeraie (saladesblettescarottes,bananesdattes, etc.)9 qui assurait l'autosuffisance de la population10. Dès le xive siècle, le plan d'irrigation au travers des seguia assurait gratuitement une répartition de l'eau mesurée par legadous (sablier hydraulique)9, dont le nom vient du latin cadus (clepsydre), lui-même émanant dugrec kados18.
La survie d'un tel terme depuis l'Antiquité montre à quel point la région de Tozeur a été le réceptacle de cultures méditerranéennes qui apportèrent leur savoir-faire en matière d'agriculture et de techniques d'irrigation relatives à l'environnement oasien. Depuis les plans d'irrigation et de fixation des nomades en vue de l'éducation des enfants des années 1990, l'agriculture s'est fortement développée. De nouvelles oasis ont été créées et les palmeraies existantes ont été développées ; la surface consacrée à la culture du palmier a doublé en vingt ans, entraînant un renouveau du secteur de l'agriculture en termes quantitatifs, qualitatif, et d'emplois associés. Le travail dans les palmeraies étant pour l'essentiel saisonnier (entretien, fécondation, récolte), il autorise en général une deuxième activité pour les ouvriers agricoles.
Cependant, selon Claude Llena dans son article de 2004, la situation des agriculteurs s'est fortement dégradée au xxe siècle car l'eau est « devenue un bien comme les autres » en devenant payante, l'arrosage se montant à 30 à 50 millimes par mètre cube pour un arrosage hebdomadaire10, conduisant nombre d'agriculteurs à travailler dans le secteur touristique9. Selon d'autres sources, le coût annuel de l'irrigation de 5 000 m2 de palmeraie équivaut à la production dattière de deux palmiers10.
La production annuelle de dattes se monte à 35 000 tonnes, dont 4 000 issues de l'agriculture biologique et les deux-tiers de la variété des deglet nour10 ; elle représente le tiers de la production nationale10. Les autorités cherchent également à développer la pratique de la culture à trois étages : maraîchage au sol, arbres fruitiers puis palmiers au-dessus10.

Au début des années 1990, le gouvernement tunisien entreprend de développer le tourisme saharien. Une douzaine d'hôtels de grand standing voit alors le jour pour attirer des touristes par des séjours clés en main9. En mai 2008, la région incluant Tozeur, Nefta et Tamerza compte 41 unités hôtelières dont trois établissements cinq étoiles et a accueilli 338 000 visiteurs en 200710. Toutefois, selon Claude Llena, c'est la « minorité possédante et le capital touristique du Nord [qui] ont rapidement mis la main sur cette rente touristique au détriment de la population locale »9 ; le secteur n'engendre en effet que 2 500 emplois permanents et 5 000 emplois indirects.

Terrain de golf de Tozeur
La durée moyenne du séjour des touristes reste faible ; certains l'expliquent par le fait qu'ils sont de passage dans le cadre de circuits organisés depuis les stations balnéaires du littoral10 alors que d'autres soutiennent que ce nombre limité s'explique par une orientation vers un tourisme haut de gamme. L'aéroport international de Tozeur-Nefta, mis en exploitation en 1980 et voué aux charters, n'atteint ainsi pas sa pleine capacité (86 000 passagers en 2007 sur une capacité de 400 000).
C'est dans ce contexte que se situe l'aménagement d'un terrain de golf, le Golf des Oasis, inauguré en plein désert en novembre 2006. Toujours selon Claude Llena, ce golf touche les abords de la palmeraie et puise dans la nappe phréatique pour maintenir le gazon planté en plein désert9 même si 90 % de la consommation en eau de la ville reste liée à l'agriculture10. Toutefois, d'après les sources institutionnelles, le golf est arrosé par de l'eau provenant du recyclage des eaux usées des établissements hôteliers ; une installation de relèvement et 15 kilomètres de conduites, installées en partie au fond de l'oued qui passe au pied du golf, permettent cette récupération19. Par ailleurs, le golf a été installé sur des terrains pris sur le désert, sur la rive droite de l'oued, et ne touche pas à la palmeraie20 ; il interdit cependant l'accès des artisans de la briqueterie à une carrière d'argile située dans son emprise, obligeant ceux-ci à faire venir de l'argile par camion.

À l'entrée du golf, le parc du belvédère de Ras El Aïn (رأس العيون soit « Tête des sources » en arabe) est dédié au poète Abou el Kacem Chebbi, natif de Tozeur. Il est aussi appelé « parc des amoureux » car il est bordé de grandes plaques en céramique bilingues (arabe-français) portant des textes célébrant l'amour. Le rocher qui constitue son centre est en fait une construction artificielle de métal et d'argile.
sousse

Des noms semblables peuvent être trouvés en Libye et au sud du MarocSouss en marocain est synonyme de rief, ce qui désigne les nomades ou plus généralement les campagnards. Toutefois, le terme de Sousse est ici attribué à une ville à l'époque symbole de puissance et de sédentarité.
Si les peuples de la mer se sont sans doute fixés antérieurement dans la région de Sousse, c'est aux Phéniciens que l'on attribue le premier nom connu de la ville. Au xie siècle av. J.-C. apparaît le toponyme Hadrim qui désigne, selon M'hamed Hassine Fantar4, un enclos ou un quartier d'habitation. Les vestiges archéologiques du site ne remontent cependant guère au-delà du vie siècle av. J.-C., période où Hadrim passe sous l'autorité de Carthage et vit avec elle les guerres puniques tout en maintenant une identité phénicienne comme l'attestent notamment les pratiques funéraires locales. Après avoir perdu la bataille de ZamaHannibal Barca, qui a des propriétés dans les environs de Hadrim, fait effectuer des travaux civils à ses soldats et est à l'origine de la plantation de nombreux oliviers dans la région.
Hadrim se libère progressivement de la tutelle carthaginoise en établissant des relations économiques et diplomatiques directes avec Rome dont elle prend le parti durant la Troisième Guerre punique. Après la destruction de Carthage, les Hadrumétins deviennent, selon l'expression d'Appien, les « amis du peuple romain » et la ville, rebaptisée Hadrumète (Hadrumetum), devient une cité romaine privilégiée et libre. En 46 av. J.-C., elle perd une partie de ses privilèges et se trouve frappée d'une lourdeamende lorsqu'elle choisit le camp des Pompéiens contre le victorieux Jules César.
À la fin du ier siècle, Hadrumète est la première cité africaine à bénéficier du statut de colonie honoraire qui est attribué par l'empereur Trajan5. En reconnaissance, des monuments glorifiant le généreux empereur sont érigés : arc de triomphethéâtre,amphithéâtrethermes, etc. La prospérité de la ville culmine au iiie siècle sous les règne de la dynastie des Sévères.
Le commerce de l'huile d'olive connaît un grand essor après que le fondateur de la dynastie instaure une distribution gratuite et quotidienne d'huile à Rome. La ville frappe même sa propre monnaie. Lorsqu'en 238, la ville soutient l'« usurpateur » Capellien, elle doit subir la répression du nouvel empereur Gordien II. Des monuments publics et des villassont rasés et le port autrefois si actif perd de son importance.
La cité retrouve une prospérité relative lorsqu'en 297 l'empereur Dioclétien fait de Hadrumète la capitale de la nouvelle province de Byzacène qui s'étend sur le centre du pays5. Quand en 439 les Vandales chassent les Romains et détruisent l'enceinte de la ville, Hadrumète prend le nom de Hunéricopolis tiré du nom de Hunéric (fils du chef vandaleGenséric)6. Elle végète pendant un siècle avant sa destruction par des pillards venus du sud du pays et ce peu avant l'arrivée des troupes byzantines. Le port, complètementensablé, est remis en état par l'empereur byzantin Justinien dont la ville prend le nom en 535 (Justinianopolis)6 et devient le chef-lieu de l'une des sept provinces du diocèsed'Afrique. La période byzantine dure environ 135 ans.
Tour du ribat de Sousse
Le début de la période arabo-musulmane peut être fixé à 670, lorsqu'Oqba Ibn Nafi Al Fihri assiège la ville qui prend le nom de Sousse. Elle est d'abord une agglomération pourvue en 787 d'un ribat et habitée essentiellement par des ascètes chargés de la défense descôtes. Le vin, les jeux et la musique sont proscrits. Le nouvel essor de Sousse vient du second prince aghlabide Ziadet-Allah Ier qui dote la ville d'un chantier naval (821) d'où partent les navires à la conquête de la Sardaigne (821), de Malte, de la Sicile (827) ou de Rome (846). Au ixe siècle, la ville s'est ouverte et accueille des musulmans, des chrétiens et des juifs. Elle devient alors la seconde ville de l'Ifriqiya et la première du Sahel. Durant la période fatimide, la prospérité de Sousse ne souffre que modérément de la fondation de Mahdia. La ville, qui exporte ses étoffes en Orient et en Occident, est aussi une prospère cité oléicole.
Jusqu'en 1159, Sousse subit les assauts puis l'occupation des Normands de Sicile qui la conquièrent en 11487. Mais sa décadence, à partir du xiie siècle, est surtout due à la promotion de Tunis comme capitale sous le règne des Hafsides, à l'appauvrissement de l'arrière-pays dont elle constitue le débouché maritime et, au xiiie siècle, à la concurrence des textiles exportés depuis l'Europe, période durant laquelle des Génois s'installent à Sousse. La ville subit une courte occupation espagnole entre 1537 et 1574. Pendant l'époque ottomane(1574-1881), la ville retrouve son importance. Sousse est alors, au xviie siècle, le deuxième port de commerce du pays.
Aux brodeurs et tisserands s'ajoutent des artisans potiers qui exportent leur production dans tout le bassin méditerranéen. À la fin duxviiie siècle, la ville souffre des bombardements français (1770) et vénitiens (1784 et 1786). La ville s'enfonce dans le déclin après 1864lorsqu'elle se range contre Sadok Bey dans une insurrection antifiscale. Elle passe, comme toute la Tunisie, sous le protectorat français à partir de 1881. La création d'un nouveau port (1884) lui redonne toutefois son rôle de débouché maritime des produits de la steppe.

La municipalité de Sousse est instituée le 16 juillet 18848,9.